dimanche 17 février 2008

Point Reyes

Avec le beau temps (entre 15° et 20°) on sort le plus possible. Samedi, on a fait le zoo de San Francisco, pour apprendre aujourd'hui qu'un tigre s'était échappé il y a un mois et avait attaqué et tué un homme, blessé deux autres. Moi qui répétait inlassablement: "Quand même, je suis déçue, il n'y a pas beaucoup de tigres, et de lions...". N'empêche que si j'avais su, j'aurais eu une petite appréhension en approchant leurs cages. Pourtant derrière les barreaux, on n'a pas l'impression que ces bêtes sont plus que des gros chats...

Dimanche on a été se balader du côté de Point Reyes. En partant de Menlo Park (Silicon Valley au Sud), on doit passer par San Francisco, traverser la Golden Gate Bridge, et une fois de l'autre côté de la baie, continuer vers le Nord. Point reyes est une pointe rocheuse qui disparaît dans l'océan Pacifique, sur la côte ouest. Elle "disparaît" parce qu'elle est souvent engloutie dans une brume épaisse. D'ailleurs c'est pour cette raison qu'il y a un phare au bout de cette pointe.

Pendant 300 ans les bateaux se sont brisés sur ces rochers, et les marins se noyaient sans qu'aucune aide puisse leur être apportée. Un des premiers navires connus qui échoua près de cette côte fut le Manila Galleon San Agustin en 1595, un navire espagnol venu du Mexique. Le capitaine avait été envoyé pour confirmer la découverte des terres Californiennes du Nord par Sir Francis Drake en 1579. A l'époque, la guerre entre les espagnols et les anglais pour la possession des terres en Amérique était encore ouverte.

Ce n'est que vers la fin du 19ème siècle qu'un phare a été érigé sur cette pointe, et qu'une association d'aide aux victimes a été mise en place.
Depuis, plus personne n'habite le phare, mais il y a encore le bureau et les sirènes. Dans la petite maison que vous voyez, il y avait ces sirènes qui étaient nourries au charbon par ceux qui occupaient le phare. Il paraît que c'était un travail épuisant, et qu'une fois elles ont fonctionné pendant 176 heures. Etourdissant.


Comme c'était un long week end (lundi c'était President's Day), il y avait un monde fou. On a dû prendre un bus pour aller jusqu'à la pointe.
On y a aperçu des éléphants de mer sur cette côte, et des élans, sur la route et sur la pointe, mais POINT de baleines !!! (c'était un peu le but de notre excursion). Dommage...

lundi 11 février 2008

Black, et génial

Tant pis, le festival du cinéma à San Francisco, ça ne s'est pas fait samedi. Mon dossier d'extension de visa était notre priorité. J'ai tout envoyé hier. Je devrais pouvoir rester ici quelques mois de plus en attendant qu'ils décident si je peux rester dans le pays ou pas.


Hier, dimanche, Nicolas et moi étions invités par une de mes élèves, Cristene, à aller voir une pièce de théâtre : "Sonny's Blues" (cliquer sur ce lien), une nouvelle de James Baldwin, un auteur noir des années 50-60.
L'histoire se passe à Harlem. Deux frères noirs, dont l'un (Sonny) est accro à l'héroïne, et l'autre, professeur de maths, qui a une vie de famille bien rangée, ne se comprennent pas. Le grand frère déplore la vie de Sonny, qui veut devenir un pianiste de jazz.
C'est un résumé bien pauvre d'une pièce riche et colorée. Les acteurs étaient excellents.
À part la pièce, le public de ce jour-là était essentiellement noir. Le présentateur était incroyable. Quand il riait après une de ses blagues, il se frappait la jambe, éclatait de rire et continuait de sourire jusqu'aux deux coins du plateau jusqu'à ce qu'on rie. Et ça marchait. Apparemment, avant le début de la pièce, il est allé vers Nicolas et lui a demandé "What's that smile you got on your face?" (C'est quoi ce sourire ?) et d'éclater de rire, et de continuer en expliquant qu'il avait fait la fête sur la tombe de Jim Morrisson au cimetière du Père Lachaise étant plus jeune. Enfin, moi j'étais partie aux toilettes, c'est tout ce que je sais. Mais c'était LE Bill Cosby de ce soir-là. Ce que je trouve génial, c'est que quand les blacks d'ici se réunissent, ils sont comme dans les clichés. Ce que j'ai préféré, c'est la femme derrière nous dans le public, qui faisait "Hmm, hmmm" (tout est dans l'intonation), pour approuver les paroles sages des acteurs. D'un coup il n'y avait plus de distance entre la réalité et la fiction.
Il y a une semaine environ, on a été dans un "lounge" pour fêter l'anniversaire d'une copine. Environ une heure après notre arrivée, un groupe de blacks est arrivé. Ça a été un festival de bling bling, de dents blanches, de femmes aux hanches larges comme des paquebots, de mini jupes, et de bon rap. Nicolas (oui, encore lui !) leur a parlé quand ils sont tous sortis, et a appris qu'ils avaient loué un car pour faire toutes les boites de San francisco !!! Ils venaient de la ville voisine : Oakland, la ville bannie, la ville où on raconte qu'on peut se faire abattre en pleine rue si on se balade du mauvais côté du trottoir... Tout ça est exagéré (on aime bien propager la peur ici), parce qu'on a plusieurs amis d'amis qui habitent là-bas et ne se portent pas plus mal.

Tout ça pour dire, qu'à chaque fois que je les ai vu se marrer comme des baleines, et se trémousser sur la piste, je me suis trouvée bien pâle.

Juste pour finir (je sais c'est encore trooooop long !), ce qui est vraiment différent ici, c'est qu'on n'applaudit qu'une fois et on se met debout. Contrairement à ce qu'on fait en France, vous me l'accorderez. Donc, pas de rappels - sauf aux concerts nous a dit Cristene.

samedi 9 février 2008

Carrie Fisher

De retour!
J'ai beaucoup de choses à vous raconter, mais je dois avouer que j'ai été plutôt pessimiste ces derniers temps. En revenant aux États-Unis mi-janvier (j'étais au Canada - un séjour glacé et plein de rebondissements), on ne m'a accordé qu'un mois et une semaine dans le pays. Depuis, je suis un peu morose.
Mais récemment Nicolas et moi avons appris que je pouvais demander une extension de mon visa. C'est compliqué, mais ça veut dire que si j'envoie AVANT mon départ une demande d'extension, alors je peux rester dans le pays. Tout ça est un peu risqué. Je ne suis pas sûre de rester dans le pays, c'est à leur bon vouloir, mais en attendant leur réponse, je suis OBLIGÉE de rester dans le pays. Ça veut dire que je gagne au moins deux mois ici en attendant leur réponse ! L'administration est de moins en moins efficace avec l'arrivée de plus en plus massive d'immigrants. Alors je profite.

Hier (parce que je ne vais pas remonter plus loin) nous avons été au théâtre (avec Laure et Ben, nos amis français de la baie est). Quelle première ! Eh oui, je n'y avais pas posé les pieds depuis... mon dernier spectacle ?
Je voulais, à l'époque où nous avons fait les réservations, profiter de mes dernières semaines (ici) alors la pièce de théâtre faisait partie de ma liste de choses à faire (petit clin d'oeil à Laure).
Nous avons été voir Carrie Fisher (Princesse Leia dans Star Wars) dans une one-woman show/pièce. Elle nous a raconté sa vie - une eau sombre et turbulente, et semée d'événements imprédictibles - tout ceci avec une emphase et un humour d'un pessismisme déstabilisant. La mise en scène était simple : un canapé, une table basse dans un coin, une table de bar dans un autre. Et en fond de scène des images de personnages de sa vie projetées au fur et à mesure.
On aurait pu être au théâtre en France, s'il n'y avait eu quelques détails comme le prompteur (comme pour les journalistes télé !) et la pub pour le "Coca zéro". Moi j'ai été un peu niaise sur ce coup là. Je vous explique :
D'une, elle a bu du coca pendant toute la pièce, de deux, une assistante lui a apporté un plateau en plein milieu de la pièce et elle a fait goûter... à une personne volontaire (mon oeil !) dans le public le fameux "coca zéro" qu'elle a déclaré "a-do-rer". La personne volntaire (c'est ça oui !) a clamé haut et fort : "Oui ! C'est vrai ! Ça a très bon goût !". Et moi, connement, de dire à Nicolas, qui déteste l' aspartame, "Tu devrais essayer, ça a l'air bon !". À m'écouter avec du recul, j'étais devenu un personnage dans la publicité.
Ceci dit, moi j'ai été enchantée et soufflée par la prestation de cette dame, qui a maintenant 51 ans, et qui a vécu une vie que personne ne jalouserait. Pourtant, elle a eu comme belle-mère Elizabeth Taylor (son père s'est remarié au moins 5 fois), a rencontré Bob Dylan, est resté 8 ans avec Paul Simon (le chanteur, celui que je pensais être l'amant de Garfunkel), était bi-polaire et considérée comme une alcoolique (bon, là c'est moins drôle). Loin d'être un exercice égocentrique, elle a donné l'impression de raconter la vie d'un personnage de fiction, pas la sienne, du moins, pas celle qu'elle avait rêvée pour elle-même.
Pour résumer je dirais que c'était comme rencontrer Carrie Fisher dans un bar et de l'écouter pendant 1h30 parler de sa vie. Une vie de souffrances, mais aussi d'anecdotes drôles, qui vous tiennent en haleine et ne lassent pas. Elle n'est pas le pilier de bar habituel.

Aujourd'hui c'est le festival de cinéma, alors je vous raconterai.