Raconter une histoire. Voilà ce à quoi certains d'entre nous se dédient. Quelqu'en soit la raison, on ressent le besoin urgent de "se la raconter", de "raconter des histoires", de conter...
Toutes les dérives possibles du mot "histoire" me viennent à l'esprit. Finalement est-ce qu'on ne raconte pas plus qu'on ne vit ? Malraux a dit qu'un homme se définissait par ses actes. Je n'ai jamais été d'accord avec lui parce que je suis une pure "cérébrale", et pourtant je comprends. Finalement le but de nos pensées, de nos rêves, de nos envies de créer un monde meilleur pour nous et pour soi, n'est-ce pas d'agir ? C'est vrai. C'est bien beau de réfléchir et puis de raconter si on ne fait rien. Soit.
Dans une interview récente, le directeur du film "I'm not there" sur la vie de Bob Dylan a expliqué que Bob Dylan n'avait jamais donné la même version de son enfance. Elle est restée mystérieuse et fantastique jusqu'à ce que quelqu'un raconte la "vraie" histoire et que son enfance devienne misérablement terne. Lorsque j'écoute les bribes de conversations ici et là, tout le monde raconte une histoire. Qu'elle soit embellie, racontée sous un angle humoristique ou dramatique, cette histoire, elle a une vie, qu'elle soit courte ou longue, et nourrit nos vies et notre perception de la vie que nous vivons. En se la racontant, on se sent plus intéressant, plus fort, on a l'impression de contrôler sa vie.
Aux États-Unis, on en raconte des histoires. Et on embellit sacrément. On exagère la réalité, on la tord, on la manie, on la change. Dans les films et les livres, on est émerveillé par des vies "extra-ordinaires".
Mais face à ces récits, on se sent aussi en échec: quand on se pose devant la télé, quand on "ose" glander, parce que tout ce temps perdu est honteux. Il y a tant à faire, tant à construire, tant à raconter par la suite. On nous fait comprendre que pour raconter il faut vivre, il faut parcourir, il faut souffrir et avancer sans reculer. Ahhhrgh!
C'est la peste de notre temps : on ne se définit non plus par nos actions mais par nos histoires, toujours plus sanglantes, plus étranges, plus dérangeantes que jamais. Oui, Bob Dylan est un génie, il nous a menés en bateau, un bien joli bateau, mais ses histoires ne sont plus les nôtres, parce qu'à notre époque, pour raconter une histoire, il faut l'avoir vécue pour avoir le droit de la raconter.
Alors, faut -il vraiment avoir "vécu" pour avoir le droit de raconter? Je pense que c'est là qu'on nous trompe. Les histoires les plus loufoques, grandioses, ne sont pas toujours les plus vraies. Car les plus sinistres et les plus tristes sont plutôt cachées, enfouies. Elles sont "trop vraies". Bob Dylan racontait par exemple qu'il avait été élevé dans un cirque (que c'est romantique!), mais un enfant de dompteur ne raconterait-il pas une autre histoire s'il avait dû vivre 24 sur 24 dans un cirque, à ramasser les crottes d'éléphants ? Alors, ne peut-on pas dire qu'une histoire vaut parfois plus que la réalité, et qu'elle n'a pas besoin d'avoir été vécue pour être racontée?
On a fait Los Angeles, des parties de golf, une visite d'amis français dans un coin perdu de la Californie. Hier on a fêté Thanksgiving chez des amis récemment rencontrés. Je voudrais tout vous raconter, mais j'ai pas la force.
Ce soir j'ai décidé de ne pas vous raconter d'histoires.
Malgré toutes ces histoires à raconter, je me sens un peu seule. Même si je me sens bien ici, je commence à ressentir la nostalgie, non pas du pays, mais des amis et de la famille. Je ne suis pas déprimée, ni triste, juste un peu loin de ce qui était vrai pour moi. Je n'avais pas besoin de raconter d'histoires. Et des fois, c'était reposant.
Tou compte fait je me trouve bien bavarde.
vendredi 23 novembre 2007
mercredi 31 octobre 2007
Tremblement de terre
Mon premier tremblement de terre!
Hier, je donnais un cours de français dans un café de Palo Alto, et en plein milieu du cours, le sol s'est mis à trembler. On était tellement concentrées qu'au début, nos corps n'ont rien relevé (c'est comme être dans une voiture et de rouler sur de grosses pierres - non, ça ne vous dit rien ?). Puis, un couple à côté à parlé fort et en me retournant j'ai senti le tremblement devenir plus fort et les verres s'entrechoquer en bas (nous étions au deuxième étage). Au final, ça a duré 10 secondes, mais c'est plus long quand on le vit ! Je n'ai jamais vécu de tremblement de terre, et au risque de paraître illuminée, j'ai vraiment senti la terre gronder, vivre, s'exprimer, comme si elle voulait se faire entendre, pour une fois.
Mais ce n'est pas la première fois comme vous le savez sans doute. Car ici les mini tremblements de terre (hier c'était 6.5 à 10 km de chez nous) sont assez fréquents. Par exemple, aujourd'hui il y a eu un tremblement de terre au même endroit, mais tellement petit qu'il n'a pas été ressenti chez nous. Le tremblement de 1906 a créé le plus de dégâts et a fait couler le plus d'encre. En effet, il a touché San Francisco et il a été ressenti dans trois États. Des incendies ont éclaté (les nombreuses maisons en bois ont brûlé et propagé le feu), et la panique a grandi. On estime à 3000 le nombre de morts, et 85% de la population se retrouva sans toit. Beaucoup se réfugièrent à Oakland, de l'autre côté de la baie, une ville dans la ville aujourd'hui. Elle a une sale réputation (de gangs et de crimes de rue). Par contre, Los Angeles a accueilli beaucoup de commerces et s'est rapidement développée.
San Francisco s'est rétablie tout doucement car des architectes ont pu avancer leurs idées longtemps ignorées. Par contre, la population ayant perdu une bonne part de bon sens, a été remise sur le bon chemin par une main de fer. Celle du maire Schmitw qui, sans doute touché par tant de misère, a donné l'ordre d'abattre tous ceux qui étaient pris en flagrant délit de pillage, et aux compagnies de gaz et d'électricité d'interrompre leurs services pour un temps "indéfini". Pour cause ! Les fuites de gaz provoquaient de nombreux incendies. Il faut dire aussi que certains mettaient le feu à leur maison pour être mieux dédommagés.
dimanche 28 octobre 2007
Halloween, Stand-up comedians, et vol!
Une photo de Northbeach, de nuit.
Ici, comme vous le savez, Halloween est une fête qui se célèbre dignement. D'autant plus qu'ici, à San Francisco, on adoooore se déguiser ! Comme je vous l'avais déjà dit, tout est excuse pour se déguiser ! La course, les fêtes, les "after", etc...
Nous voilà donc prêts à nous déguiser pour la première fois. Je vous avait dit que je me déguiserai en lapin, eh bah j'ai pas eu le courage cette fois-ci. Et surtout, on n'avait pas prévu de se déguiser à l'avance, alors on a dû se rabattre sur un hangar qui vendait de tout, mais à basse qualité. Heureusement, on a trouvé des perruques, et on s'est débrouillés avec ce qu'on avait à la maison. Moi en diablesse, Nicolas en Louis XIV.
On s'arrête chez Amy, une Néo-zélandaise qui doit travailler le lendemain (un samedi), et qui nous prend en photo.
Puis on se retrouve dans une boîte essentiellement peuplée de Japonais et de Coréens. Les filles sont hystériques, et la grande mode c'est de simuler, avec le sexe opposé, une levrette. De petites tapes sur les fesses s'imposent...
On a dansé comme des dingues, essayant timidement de les imiter, mais sans connaître l'origine de cette danse tribale, nous avons vite abandonné.
Samedi soir, on a été voir un "stand up comedian show", un spectacle qui réunit des comédiens qui racontent tout et n'importe quoi, mais qui réussissent à faire sens.
On ne s'attendait pas à se retrouver dans une école de comédiens ! Du coup, ça n'avait pas l'air sérieux. On pensait déjà s'acheter des bières pour que le rire vienne plus facilement. Finalement on n'a rien bu, mais on a ri pendant une heure et demie. Je n'avais pas ri aux éclats depuis longtemps - non, ma vie n'est pas triste ! C'est juste que j'ai tout vu, tout entendu, plus rien ne m'étonne (lol).
C'est difficile de raconter un show comme celui-ci, c'est comme imiter l'imitateur, raconter l'histoire du conteur.
En arrivant (7ème étage d'un immeuble en plein centre ville), on nous propose biscuits et brownies, puis on attend dans une salle de 20 mètres carré l'arrivée des comédiens. Nous sommes au fond de la "salle" (trois rangées), à ma gauche un groupe d'hystériques illuminés (on apprendra plus tard qu'ils viennent tous de l'école des Beaux Arts), tout à gauche, deux couples âgés, et à droite, un couple dont l'homme a le pouce plâtré. Si je vous donne tous ces détails c'est qu'ils sont importants et qu'ils ont nourri le spectacle d'anecdotes à raconter.
Le show commence, une femme arrive pour chauffer la salle. Elle est jolie, la quarantaine, un peu ronde. Elle se définit comme juive, grosse, complexée, et se plaint de ne plaire qu'aux jeunes hommes de 20 ans. Ça commence bien. Les Américains (et les Canadiens) raffolent du "self - criticism" (l'auto critique) - c'est une des raisons pour lesquelles je me sens bien ici.
Ensuite ce fut des allées et venues de bons et de moins bons comédiens. Mais ils haranguent le public de telle façon qu'on se sent immédiatement à l'aise. Mais c'est bien parce que nous, au fond, on nous a pas interpellés. Par contre, il y a un vieux, un homo, et un emplâtré qui s'en sont pris plein la tête !!! Enfin, c'était dans la bonne humeur générale. Je ne peux pas vous raconter les blagues, parce qu'elles étaient toutes trop salaces. Et en anglais...
La mauvaise nouvelle, c'est qu'en revenant à la voiture, la porte du côté conducteur n'était plus fermée à clef, et plusieurs détails nous ont amenés à croire que quelqu'un était entré dans la voiture. Bien évidemment, quelque chose d'important manquait : mon appareil photo - l'amour de ma vie. Depuis hier soir je suis en deuil, je ne pleure même pas, j'ignore les faits pour l'instant. Mais je le revois de temps en temps - une image floue dont les traits commencent déjà à disparaître...
Snif!
Mais j'ai bien rigolé quand même.
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