lundi 1 octobre 2007

"Soirée événementielle française"

Décidément, les Français n'ont pas la côte ici. Parce que Nicolas et moi avons du mal à les supporter. C'est fini, nous ne sommes plus Français, sauf si on nous le demande. On pourrait peut-être se faire passer pour des Portugais ?

Nicolas ne voulait pas aller à la fête francophone, il voulait se balader à San Francisco, ou vers la côte, voire même rester à la maison. C'était sans compter ma connaissance très étendue des trois choses qui comptent le plus aux yeux de mon homme. Une fois les mots "pâté" et fromage" prononcés, il était déjà dans la voiture - à gueuler, alors que je cherchais frénétiquement mon portable, mes lunettes et mes clefs (les départs et moi...). Le lieu de rendez-vous était dans l'établissement où j'avais eu mon premier entretien : à la prestigieuse École Internationale de la Péninsule. Il y a un mois, on refusait de me sponsoriser pour un Visa de travail, aujourd'hui, je reviens, pour y faire la fête. Cherchez l'erreur.

La France, c'est une vieille grand-mère, belle autre fois, qui, à force de se poudrer, a réussi à se convaincre qu'elle le resterait. Choqués ? Je suis vraiment convaincue de ce que je dis.

En arrivant, nous avons été accueillis froidement. Ceux qui se connaissaient se gardaient bien de nous adresser la parole, mais ne se privaient pas de nous regarder du coin de l'oeil. J'ai adressé la parole à un homme qui draguait sec une femme derrière nous à l'arrivée. Ils ont ri, mais n'avaient pas l'air de vouloir continuer la conversation avec moi. Je pense réellement m'être habituée à la facilité avec laquelle les Américains s'adressent la parole ici. Apparemment ce n'est pas le cas de tout le monde.
Comme nous étions des inconnus, nous avons un peu erré dans la salle de sport déguisée en salle de réception. Nous avons dodeliné de la tête, tenté de ne pas avoir l'air ennuyants ou ennuyés, goûté au vin français, "made in Miami" (la pauvre serveuse était toute honteuse de me l'annoncer). Puis, Nicolas a senti le saucisson : "Moi, je reste près du saucisson, tu peux faire tout ce que tu veux, je ne bougerai pas". Finalement il a bougé, et nous nous sommes assis à une table, histoire de faire connaissance. Et pour ce qui est du choix de la table, Nicolas a aussi eu le bon flair. Nous avons rencontré un couple qui vit ici depuis 40 ans, un "artiste" légèrement présomptueux et pompeux, et deux soeurs qui ont fait leurs études ici et travaillent ici depuis 12 ans. Notre conversation avec le couple et les deux soeurs a été la meilleure chose qui nous soit arrivée. Les deux soeurs étaient souriantes, accueillantes, modestes, drôles, et mignonnes. Elles nous ont sauvé du meurtre. Eh oui, je vous présente Jean-Michel (on l'appellera comme ça) notre présentateur : boute-en-train, chauffeur de salle, un peu comédien, il était partout à la fois, il n'a pas lâché son micro. Tout en sueur, il gesticulait, nous menaçait de venir nous chercher à nos tables. Il aura bien dormi cette nuit là...
Et puis après tout il fallait bien quelqu'un pour jouer le rôle. Il s'est proposé. Ce qui n'est pas chose aisée. Je ne vais pas lui casser du sucre sur le dos. Enfin... il était quand même bien gratiné.

Après avoir dansé, après avoir participé à quelques jeux (nous avions tous un groupe), écouté du clo-clo, admiré des danseurs et une danseuse du ventre (toujours un succès), nous sommes rentrés. Nous n'aimions toujours pas les Français, mais nous étions heureux de nous être déplacés.

Je ne serai jamais nationaliste, je n'ai pas ça dans la peau. Je ne suis ni Canadienne, ni Française, je ne définis pas mon identité par rapport à mes ancêtres / à la famille - Mais c'est peut-être pour cela que je suis si perdue.

Avant de partir, une femme s'assied à notre table. Elle me parle en français, elle a un accent terrible. Mais je n'ose pas lui demander d'où elle vient. Elle est jeune, merveilleusement belle. Une femme tout droit sortie d'un conte de fée. Elle m'apprend qu'elle apprend le français depuis 22 semaines (elle parlait couramment), que ses parents sont Mexicains, et qu'elle est née et a grandi au Texas, l'État de tous les États. Et elle est soldat. Et elle est venue vivre en Californie, pour vivre avec son copain français et apprendre à parler français.

Malgré tous ses "défauts" (des clichés de défauts), elle avait un "je ne sais quoi" d'international. Ça c'est une personne que je veux apprendre à connaître.

16 commentaires:

Laure a dit…

C'est tellement vrai. Parfois j'ai honte d'être française et de constater que notre petit pays croit encore avoir un rôle à jouer sur le plan international et pouvoir donner des conseils à tout le monde. Je pense cependant qu'on devrait être discret parce qu'on n'a aucun conseil à donner. Il y a Guantanamo ici. Certes. Mais j'aimerais bien connaître notre rôle dans le génocide rwandais...

geneline a dit…

J'ai l'impression que tu es en pleine "crise d'expat'. Quand je suis venue à SF, un jeune ami m'avait dit "tu auras la crise des 6 mois des expat' quand tu ne supportes plus les Français ... ni les Américains". J'ai eu. Et puis, après tout se replace, pas d'auto-flagellation, pas d'autosatisfaction, essayer de prendre le meilleur des deux mondes. Et quand on rentre en France, c'est là qu'a été la plus grande difficulté pour moi : expliquer aus Fs qu'ls devraient aller un peu voir ailleurs pour s'ouvrir l'esprit.
As-tu lu "Nord perdu " de Nancy Huston?

aurelyves a dit…

hé oui....pas tous sympas les compatriotes expats qui se la pètent, rêvent d'une France "glorieuse" Marianne, fière des ses 2000 ans d'histoire depuis Vercingétorix, alors qu'ils n'y retournent que deux semaines par an et n'oseraient jamais plus y habiter de peur du décalage avec leur mythe...
Mais bon, ces expats français ne représentent pas les Français...d'ailleurs qui peut se targuer d'être représentatif ? donc je ne vois pas pourquoi "avoir honte " (ni fierté) d'être français...vous êtes tout autant et tout aussi peu français que ces utruches du buffet francophone...

aurelyves a dit…

oup's il manque une lettre! pardon ces "autruches" du buffet francophone...

Laure a dit…

La honte est un peut-être un mot un peu fort, mais en tout cas, parfois, c'est ce que je ressens...

Ben a dit…

rho, nicole, fo pas abuser non plus. ils sont pas tous cons ces francais. enfin j'espere, pasque moi je vais mal le prendre. bon d'accord, je suis pas completement francais, donc ca compte pas...

en parlant de nationalisme, j'ai ete stupefais en discutant avec un collegue de bureau d'a quel point il etait sur que sa nation etait la plus puissante et la plus interessante du monde (ce n'est ni un grenouillard, ni un ricain). bref, la grandeur, c'est relatif, et on la voit surtout en se regardant dans un mirroir. c'est certainement pas les autres qui te la montrent.

Anonyme a dit…

Mais toi aussi tu es internationale ma Nicole ! et puis même les français pure souche, ça n'existe pas, tu le sais bien. moi aussi je suis dans le même cas que toi : russe, espagnole, allemande, belge.. tout en ayant grandi au Maghreb et sous les tropiques !

Anonyme a dit…

bah alors ? et les fotos ?

Nicole a dit…

Salut à tous! je suis contente que mon "article" ait dérangé, et parfois choqué. Mais je crois que j'ai toujours été peu tolérante envers les nationalistes, et que cette expérience a été pour moi révélatrice. Ceci dit ma réaction, quelque peu violente, est sûrement dûe au choc des cultures.

Et non, je n'ai pas pris de photos! Personne n'en prenait, et je ne comptait pas en prendre!

De nouvelles photos arrivent ce Week end.

Nicole a dit…

Geneline, j'avais déjà lu "Nord perdu", et je m'étais régalée. Je vais le relire, je crois que c'est le moment!

schef a dit…

ouais j aime bien le saucisson.
Et puis ho he je suis pas une autruche!
non mais.
Bon ce que Nicole a oublie de vous dire (ou pas assez...) c'est qu'on s'est bien amuse, on a danse, on etait content.
Le plus bizarre, c'est d aller a une fete ou ce qui te rapproche des autres, ce ne sont pas tes gouts musicaux ou culturels, mais ta nationalite.

Sinon c'etait bien bon le repas d hier nicole, merci.

Nicole a dit…

Mais de rien mon chéri! Oui, c'est vrai, on s'est amusés, je l'avoue.

Anonyme a dit…

Salut les vieux saucissons!
signé: Zacharie

Anonyme a dit…

selon Djamel Debouze, le saucisson serait le fantasme de tous les musulmans de France, comme quoi...

Anonyme a dit…

Salut Nicole!
J'aime bien le saucisson mais je préfère le chocolat et les bonbecs.
Ton cousin Timothée

Laure a dit…

Moi aussi j'aime bien le saucisson, mais ce que j'aime par-dessus tout, c'est la tarte au citron.